Billet du temps #1

Voici que l'aventure du Parc de Lorient - à Valence dans la Drôme - débute.
En attendant notre première résidence qui donnera naissance à une construction (prévue du 20 au 24 octobre - et que nous annoncerons bientôt dans le détail ), nous entamons une série de Billets du temps : petites chroniques régulières écrites par notre plume dromoise Jeanne Aimé-Sintès.
Voici donc la première…

Billet du temps du Parc de Lorient - n°1

Par Jeanne Aimé-Sintès, le lundi 24 août 2015

Un parc en vacances

Mi-juillet, la cohorte des tribus se fait plus rare. Le parc de Lorient prend lui aussi ses vacances, après trois mois bien remplis. Cousinades et rassemblements familiaux, pots de fin d’année du club ou de l’entreprise se sont succédés dès l’arrivée des beaux jours et ce jusqu’à la fin de l’école. À présent, sous les tables de pique-nique et sur les talus, les flaques de poussière rappellent là où l’on a tant piétiné pour cheminer et s’installer, s’ébattre et se retrouver, déballer et grignoter, courir et s’embrasser.

L’été installé sur Lorient se fait tranchant, entre l’ombre et le soleil brûlant, sans presque d’entre deux. Lorient au cœur de feu jaunit comme les champs de blé. Lorient en bordure, sous la frondaison des feuilles ramollies par la canicule, murmure au vent. Quelques oiseaux chantent, un écureuil roux trottine et s’en va, en quelques bonds silencieux. Sous les arbres, à partir de midi, quelques groupes se rassemblent malgré tout. Déjà revenus de vacances ou pas encore partis ? À quelques encablures de l’autoroute A7 qui sature d’heure en heure, ils profitent de l’ombre des grands arbres et du plaisir de se retrouver. Les discussions bruissent.

Aujourd’hui, il y a Huguette et Solange, 63 ans chacune. La première n’a jamais quitté Valence, la seconde est revenue occuper la maison de famille à Montéléger, une fois à la retraite. Toute l’année, à chaque saison, les deux amies d’enfance ont plaisir à se retrouver dans ce grand parc, marcher et discuter. Aujourd’hui, Solange a proposé un pique-nique et Huguette a acquiescé. Elle qui n’aime guère cuisiner est arrivée avec quelques tomates, un kilo d’abricots et un fromage de chèvre frais. Tôt ce matin, Solange a préparé de son côté un carpaccio de courgettes cuites dans un jus de citron, assaisonné d’un filet d’huile d’olive, de miel et de basilic du jardin, saupoudré d’amandes grillées et de copeaux de fromage. Elle installe la nappe, les assiettes et les couverts, la citronnade fraîche et les emplettes d’Huguette. Elles trinquent et se taquinent. Voilà qui ressemble à leurs dinettes d’autrefois, lorsque l’une, désinvolte, ramassait tout ce qu’elle trouvait et que la seconde coupait, mélangeait, concoctait des après-midis entières…

Un peu plus loin, la famille Lê occupe la zone d’ombre d’un beau platane. Hong, sa sœur Lieu et leur cousine ont du mal à faire assoir les six enfants pour le pique-nique. D’autant plus que les maris continuent de discuter en sortant toutes sortes de boissons de la glacière… Pour ce pique-nique d’été, avant que chaque famille ne se disperse, Lieu a cuisiné avec ses enfants des nems qu’elle peine à installer au milieu des chips, des sandwichs et des friandises. Elle attend, enfin, le calme et l’attention pour les présenter avec amour à toute sa famille. 

— C’est vraiment toi qui fait les meilleurs nems du monde ! lance Huong à sa sœur.

— Je ne sais même pas en faire… ajoute la cousine.

Hoa, Kevin, Mai, Luan, Loé et Sidoine sont d’accord : à la rentrée, ils feront un grand atelier de cuisine vietnamienne !